Edmond Simeoni, une vie pour la Corse !


Rédigé le Vendredi 17 Mai 2024 à 09:26 | Lu 17 commentaire(s)



in War Raok ! - n° 54 - Mars 2019

 

Le 14 décembre 2018 s'éteignait Edmond Simeoni, le "père du nationalisme corse" contemporain. Son décès a suscité une émotion populaire immense qui se traduirent par des obsèques pouvant être qualifiées de "nationales". Amis, partisans, adversaires politiques, Corses de toutes tendances, tout un peuple s'est rassemblé autour de la famille Simeoni pour un hommage unanime à cette figure incontournable de la vie politique insulaire. De nombreux témoignages de sympathie venus du monde entier se manifestèrent envers un homme qui, bien au-delà de l'île, incarna une idée et un combat dont la légitimité n'est plus contestée par personne.

Edmond Simeoni, c'est près de soixante ans de lutte pour la reconnaissance d'un peuple et de ses droits, pour la défense de sa dignité, de ses intérêts moraux et matériels. Issu d'une famille patriote-française et d'un environnement traditionnel, Edmond Simeoni s'engage dès le début des années 60 au sein des étudiants corses de Marseille contre le projet d'expérimentations nucléaires au large de l'Argentella (Calvi). S'en suivront la création de l'Action Régionaliste Corse, puis la lutte victorieuse contre les "boues rouges" en 1973.

Mais dans la mémoire collective corse, Edmond restera avant tout comme "l'homme d'Aleria", celui qui, à la tête d'une poignée d'hommes armés de fusils de chasse, allait tenir tête à des unités militaires d'une puissance mondiale, à une époque où s’appliquait encore la peine de mort. Les évènements d'Aleria allaient propulser le nationalisme corse sur la grande scène de l'Histoire et initier un processus de lutte de libération nationale porté par les forces vives et conscientes du peuple corse. Edmond Simeoni lui, restera un partisan de l'autonomie interne et un adversaire déclaré de la lutte armée clandestine, ce qui ne l’empêchera pas de s'allier à plusieurs reprises avec ses tenants. Son engagement lui vaudra aussi d'être une cible des officines barbouzardes actionnées par l'état français pour briser la dynamique nationaliste.

A l'instar de la corse et de la personnalité de son peuple, cette figure tutélaire du nationalisme n’échappe pas à certains paradoxes : de la condamnation de la lutte armée au soutien aux prisonniers politiques impliqués dans cette forme d'action, de la défense intransigeante de "l'ethnie corse" et de la diaspora revendiquée par l'ARC, à celle d'un "humanisme" un peu douteux, voire subversif dans ses effets sinon dans ses intentions (la Corse pour tous) porté en étendard par le courant autonomiste actuel.

Edmond Simeoni a dédié son existence au peuple corse. Il a incarné ses valeurs et son identité profonde.

Riposa in pace, patriottu corsu !

 

Thierry Biaggi.



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