Highland titles


Rédigé le Vendredi 17 Mai 2024 à 12:20 | Lu 4 commentaire(s)


Je suis un Lord ! Plus précisément, un Laird !  Un propriétaire terrien écossais !
Restons humble cependant, ce titre de Lord ne vous permettra pas d'être invité à la Garden Party de la reine Elisabeth II à Balmoral …   


in War Raok ! - n° 61 - Août 2021

Un héritage corporel directement lié à la terre — Highland Titles est, à l'origine, un grand projet participatif : diviser les terres d'un domaine entre des milliers de propriétaires afin de rendre impossible leur acquisition par un acheteur unique, l’objectif étant d’éviter les ravages de l'urbanisme et l'exploitation forestière intensive.

Créé en 2006 par le Dr Bevis, membre de la société zoologique de Londres, celui-ci commença par vendre des parcelles de son domaine familial en vue de financer la plantation d’arbres sur des terres situées entre Oban et Inverness, terres dévastées par des siècles d’agriculture et de sylviculture intensives.

L'idée rencontra un énorme succès, à tel point qu’aujourd'hui Highland Titles possède et gère deux réserves naturelles au cœur des Highlands : Glencoe wood  et Mountain view à Lochaber.

Le principe est le suivant : vous pouvez acquérir entre 1pi2 (soit 0,09m2) et 100pi2 (9m2) à Mountain view et Glencoe wood pour une participation allant de 50 à 185 euros. Vous devenez alors propriétaire terrien Écossais et pouvez-vous enorgueillir du titre de Laird (Lord en écosse) ou de Lady. La noblesse en un clic ! Vous recevez ensuite un titre en bonne et due forme que vous pouvez encadrer avec fierté dans votre club des gentlemen en sirotant votre single Malt... 

Restons sérieux : le but n'est évidemment pas de s'acheter du sang bleu. Laird n'est pas un titre de noblesse à proprement parler, c'est un « Corporeal hereditament » un héritage corporel directement lié à la terre.

Ce geste est surtout motivé par l'aspect écologique et la préservation des grands espaces naturels des Highlands. Grâce à ces financements provenant du monde entier, la société a débuté la plantation d'une forêt de 24 hectares, soit 30 000 arbres ainsi que la création d'un lochan (petit loch) de 12 000m2 où tout un écosystème a pu être réimplanté. Des truites ont été introduites pour favoriser le retour des oiseaux et notamment du balbuzard pêcheur revenu sur ces terres ancestrales. On y trouve, par ailleurs, des observatoires, des sanctuaires à hérissons, des ruches, des nichoirs pour les oiseaux et chauves-souris. A l’opposé du tourisme de masse, les hôtels, b&b et camping profitent également des retombées touristiques engendrées par la venue de ces nouveaux Lords.


Des Bretons courageux se mobilisent

 

On pourrait bien sûr imaginer transposer cette initiative d'Outre-Manche en Bretagne : en effet, notre pays est peu à peu ravagé par l'urbanisation et l'agriculture intensive, par ces lotissements qui gagnent du terrain sur les terres arables et la forêt, chassant la faune sauvage. Le remembrement a définitivement défiguré tout l'Est du pays. Aujourd'hui, des volontaires essaient de recréer des talus, tentatives pour effacer les erreurs bureaucratiques des décennies précédentes. On se rappelle également ces projets criminels qui menacèrent des sites patrimoniaux bretons : Brocéliande, la lande de St Aubin du Cormier ou d'autres funestes projets. Pourquoi la sauvegarde de notre patrimoine naturel n'est-il qu'un incessant bras de fer contre quelques puissants ? Des Bretons courageux se mobilisent contre des projets immobiliers qui dégradent nos côtes et nos campagnes, sous la pression des nantis français qui fuient l'immigration, la canicule ou les pandémies. Ne comptons pas sur nos élus pour éviter ce saccage, qu'ils soient vert, rouge ou bleu blanc rouge. Comme toujours, ce sont des initiatives privées, bretonnes, à l'image des projets participatifs écossais, qui pourraient sauver nos terres et nos paysages bretons sur le long terme. Qui ne serait pas fier de devenir « co propriétaire » d'une « parcelle » de forêt à Brocéliande, d'un flanc de montagne dans les monts d'Arrée, d'un trait de côte dans le pays de l'Aven ou d'un domaine dans le Léon afin de protéger et de promouvoir notre pays dans une dynamique véritablement écologique et bretonne ?

 

J. Le Bouter



Dans la même rubrique :