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MOUEZH BREIZH, LA VOIX DE LA NATION BRETONNE

L’AME DES PEUPLES


Rédigé le Mercredi 24 Avril 2024 à 14:55 | Lu 5 commentaire(s)


IN WAR RAOK ! - N° 32 - mai 2011


Quels que soient les évènements de l'histoire, quels que soient les régimes politiques instaurés, quelles que soient les chaines avec lesquelles on a pu  les attacher, les peuples sont encore debout  aujourd'hui. Comment se fait-il que les plus grands génocides de l'histoire n'aient pu détruire les cultures et les peuples ? Prenons, pour exemple, le plus grand de ces génocides, celui qui doit être présent dans la mémoire de chacun, je veux parler du génocide organisé systématiquement contre un peuple pour le détruire: …le génocide des "Indiens" d'Amérique  du Nord et du Sud). Tous les moyens ont été employés par les colons arrivant sur le continent américain, que ce soient les Anglo-américains ou les Espagnols, pour exterminer les peuples conquis par les armes, pour les affamer en leur prenant leurs terrains de chasse, pour les pervertir par l'alcool ou par le jeu, pour les contaminer par des maladies inconnues pour eux et, enfin pour détruire leurs âmes en leur inculquant une nouvelle culture ou une nouvelle religion. L'assimilation est l'arme suprême pour détruire l'âme d'un peuple en le privant de ses racines culturelles. Alors, comment se fait-il que ces peuples soient encore là aujourd'hui et peu à peu se réapproprient leur espace existentiel ? Comment se fait-il que l'on découvre l’existence de peuples dont on pensait qu'ils avaient disparu ? Certes, des civilisations ont pu disparaître dans le passé, cela est un fait. Mais, pour autant, ce n'est pas pour cela que les peuples à l'origine de ces civilisations ont disparus en même temps. Des empires peuvent disparaître, des civilisations peuvent disparaître, cela n'entraine pas, pour autant  la disparition des peuples qui les composaient. Bien au contraire, le XXIème siècle semble bien être le siècle de la libération des peuples, un peu partout dans le monde. 

En Amérique du Sud, nous voyons ressurgir les peuples dont les civilisations avaient été détruites par les conquistadors,  reprendre, ici et là, le pouvoir qui leur avait été confisqué. En Amérique du Nord, les « chicanos » et les « amérindiens » s'emparent de pans entiers de l'économie et des centres de décisions jusqu'à imposer l'espagnol comme langue officielle dans plusieurs états. Les Celtes qui avaient vu leur expansion atteindre pratiquement la totalité de l'Europe occidentale jusqu'à disparaitre, en tant que civilisation continentale, voient ses peuples retrouver peu à peu leur autonomie (Irlandais, Bretons, Ecossais, Gallois...). L'Empire Romain s'écroula devant les Barbares venus du Nord de l'Europe (le terme de Barbare n'a pas, pour moi, le sens négatif qu'on lui donne aujourd'hui) et la culture latine se dilua progressivement jusqu'à renaitre aujourd'hui au travers des langues et des peuples qui sont issus d'elle (Italien, Espagnol, Catalan, Provençal, Langues d'oc, Nissart). Les Inuits renaissent de leurs cendres et ont retrouvé une partie du territoire de leurs ancêtres. Les peuples Scandinaves retissent entre eux des liens très forts. Les Kanaks abandonnent la culture étrangère qu’on leur avait imposée pour retrouver la leur avec leur mode de vie, leurs coutumes, leurs structures sociales. Et il en va ainsi de par le monde.

En fait, il y a un lien évident entre tous ces peuples et leur histoire qui leur a permis de perpétuer  une culture et une structure mentale jusqu’à nos jours : il s’agit de la mémoire collective des peuples,  mémoire inscrite au plus profond de chacun d’entre eux, cette mémoire que l’Histoire ne peut gommer. C’est le recours à leur plus lointain passé qui a permis la persistance  du continuum culturel et social. C’est en plongeant au cœur de leurs mythes fondateurs et de leurs légendes spécifiques que  ces peuples ont vu leur indestructibilité devenir une réalité. Nous entrons dans le domaine de l’ésotérique quand nous abordons ce sujet. Mais il s’agit bien pourtant de l’esprit des ancêtres, esprit qui se réincarne dans la nature pour les uns, ces esprits avec lesquels le « Chamane » est en relation permanente pour le bien de la tribu, de  la communauté, du clan. Pour d’autres peuples, il s’agit de retrouver l’esprit des forêts et du petit peuple qui l’habite. Parfois ce sont les pierres qui ont une mémoire et qui parlent. Du Serpent à plume au grand Hellequin, de la fée Mélusine à l’enchanteur Merlin, tous les peuples enracinés ont leurs référents culturels qui plongent dans la mythologie païenne des temps les plus anciens. Ce qui est remarquable entre toutes ces cultures c’est leur source commune qui n’est autre que l’astre solaire. D’un continent à l’autre, les constructions monumentales édifiées par ces civilisations en font foi (Stonehenge, Chichenitza, Machu Pichu, ) comme les fêtes rituelles traditionnelles basées sur le cycle solaire ( Solstice d’hiver, Equinoxe de printemps, Solstice d’été, Equinoxe d’automne) : nous avons d’ailleurs conservé ces référents dans nos fêtes actuelles  bien qu’elles eussent été christianisées (en fait, une des religions monothéiste, le christianisme, issu du Moyen-Orient comme les deux autres religions du Livre, a voulu se répandre en Europe et a du, de ce fait, intégrer toutes les composantes de la culture multimillénaire européenne préexistante pour aboutir au Catholicisme qui, lui, est, en fait, un syncrétisme entre Christianisme et Paganisme, rompant ainsi d’avec le christianisme originel). Il est tout à fait remarquable de voir intégrer le culte Marial avec la figure essentielle de la Vierge Marie, qui n‘est, en fait, que la transposition de la Déesse Mère, celle qui fut à l’origine « Gé » (ou Gaïa). Nous faisons une erreur fondamentale, de nos jours, en nommant « traditionalistes » les tenants du Catholicisme pré-concilaire (ceux qui veulent la messe en latin et tous les rituels attachés à l’église depuis bien avant le Moyen-âge), car, c’est bien le Concile Vatican II qui avec sa réforme s’est engagé vers un retour au christianisme primitif (vers la tradition), le christianisme des premiers temps, essentiellement d’essence juive, celui des intégristes de la nouvelle église d’alors qui n’étaient pas encore intégrés à l’Empire Romain et combattaient celui-ci. On peut, en effet, dire qu’en faisant du christianisme une religion d’état, Rome a subverti celui-ci en le transformant en Catholicisme, religion devenue européenne (dont le centre s’est d’ailleurs déplacé de Jérusalem vers Rome). Ceci dit, à travers toute l’Europe, l’âme des peuples, sous un verni superficiel chrétien, restait profondément d’essence païenne. Noël : Solstice d’hiver, Saint Jean : Solstice d’été, Toussaint : Samain, etc. Le Sapin de Noël : l’arbre de vie (Ygdrasil) qui a son pendant au mois de Mai, avec l’Arbre de mai. Tous les symboles solaires que l’on retrouve lors de toutes les fêtes christianisées : avez-vous remarqué l’auréole de l’enfant Jésus, l’enfant-roi, le soleil renaissant au solstice d’hiver (naissance d’un nouvel enfant = naissance d’un nouveau soleil). A la fête de Rois, les galettes  et les couronnes (dans les régions méditerranéennes) ont la forme du disque solaire. De la même façon, les  crêpes de la Chandeleur symbolisent ce disque solaire. Nous retrouvons ce symbole solaire dans le Triskell breton et dans la Croix Basque. Que dire des runes que nous retrouvons ici et là : la rune de vie sur l’étole des prêtres, la rune d’éternité que l’on retrouve sur toutes les ambulances (et aussi sur la « Capelina », le chapeau traditionnel de la tenue des Niçoises). Nous trouvons, dans deux « régions » enracinées de l’hexagone (et occupées par l’état français), (Duché de Bretagne et Comté de Nice) des signes forts de cette persistance païenne dans leurs cultures : le mythe arthurien, en Bretagne, est aussi le mythe de l’éternel retour, rythmé par le cycle des saisons (le remarquable film de John Boorman, « Excalibur » fait ressortir cela à merveille), la  présence permanente de l’esprit du Mont Bego dans le Pays  Niçois (le Mont sacré du Haut Pays avec l’esprit du Dieu Taureau et de la Terre Mère), dans cette région qui a vu les plus anciennes implantations humaines en Europe.

Ainsi, en puisant dans leur plus lointain passé, les Peuples qui furent conquis, exterminés, occupés, assimilés, niés dans leur essence même, ont pu garder au fond d’eux-mêmes ce qui est leur âme profonde et qui vient de la nuit des temps, ce que l’occupant, l’envahisseur, le « colonisateur » ne pouvait leur arracher et qui maintenait cette petite flamme précieuse qui ne s’est jamais éteinte  et qui aujourd’hui permettra de rallumer le grand feu de joie de la renaissance des peuples d’Europe et d'ailleurs. 

 

Robert Pagan




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