L’idéologie politique des partis français dits de gauche n’a rien à envier à celle des partis dits de droite, voire du centre. Les uns et les autres pratiquent un impérialisme intolérant, un jacobinisme parfaitement imperméable aux légitimes revendications du peuple breton. Ils pratiquent, tous, à notre égard, la même politique colonialiste et anti-bretonne. Ces partis français donnent, à leurs moments perdus, dans un régionalisme bien-pensant qui peut malheureusement faire illusion sur l’esprit et les véritables intentions. En ce qui concerne la Bretagne, vieille nation européenne, le régionalisme de ces partis français n’est en fait qu’une forme de paternalisme d’un autre âge. Ils ne vont pas au-delà d’un provincialisme attardé. La Bretagne est-elle pour eux autre chose qu’une vague région française comme les autres ? Ces partis sont en réalité hostiles à toute émancipation du peuple breton et à toute reconnaissance des droits nationaux de la Bretagne en tant qu’ethnie distincte.
Que peut-il y avoir de commun entre ces défenseurs d’un colonialisme éculé et les objectifs d’un mouvement national breton moderne et révolutionnaire ? Les premiers n’ont d’autre but que le maintien de structures séculaires destinées à perpétuer l’oppression du peuple breton, même si, en apparence et surtout en périodes électorales, ils affectent de consentir quelques concessions « décentralisatrices ». Pour les seconds, militants nationalistes bretons, le combat a un tout autre sens. Ils veulent une Bretagne bretonne, faite par le peuple et pour le peuple, ce peuple breton si souvent berné, trompé, méprisé et sacrifié. Cette Bretagne libre et souveraine se fera avec toutes les forces vives de la nation bretonne et non avec ces partis français et leurs tenants en Bretagne qui ont, de tout temps et à toute époque, été les soutiens de cette présence et de cette occupation françaises en terre bretonne. Ils portent la responsabilité de la situation où se trouvent actuellement les Bretons : un peuple sous tutelle et domination étrangères. L’éventuelle alliance d’un parti breton avec une quelconque formation politique française ne peut être qu’inefficace, pire, négative en ce sens qu’elle ralentit la prise de conscience du peuple breton vis-à-vis de ses propres intérêts politiques, économiques et culturels. Cette dangereuse collaboration doit être dénoncée !
Spolié depuis des siècles, trahi par les élites parlementaires, le peuple breton, qui a vu sa légitimité foulée aux pieds depuis la disparition par la contrainte des organes de sa souveraineté nationale, ne doit plus faire preuve d’une mentalité de vaincu et continuer à se tourner toujours vers le maître. Les Bretons constituent un grand peuple qui a souvent suscité l’admiration du monde en bien des circonstances et dans bien des domaines. Aujourd’hui, toujours montré en exemple, ce peuple doit prendre en main son destin national. Il y a un Pays à construire à l’Occident de l’Europe, une République à fonder avec un peuple fier et honnête. Uni par la ruse, les larmes et le sang à la puissance voisine qui devait, à la faveur d’une révolution sanguinaire, s’emparer de son être physique et supprimer ses dernières libertés de peuple libre, le peuple breton doit maintenant s’inspirer des victoires des petits peuples européens et se réapproprier ses libertés élémentaires dont il est privé au sein de la France. Il est possible que cette dernière veuille se suicider et que ses dirigeants politiques se résignent à la voir mourir. Quant à nous, nous ne sommes pas disposés à voir notre pays l'accompagner dans la tombe. Nous devons prendre toutes les mesures pour faire revivre et prospérer notre nation bretonne. Cette France est devenue un intermédiaire inutile entre l’Europe et nous. Le peuple breton doit baser son combat et porter son regard vers les peuples européens qui ont récemment accédé ou sont en voie d’accéder à l’indépendance.
Il ne faut pas hésiter à écrire, à dire et à proclamer, que notre salut ne peut venir que de nous-mêmes.
Yann Balboc’h