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Loups : mais laissez-les donc vivre !


Rédigé le Vendredi 17 Mai 2024 à 08:28 | Lu 5 commentaire(s)



in War Raok ! - n° 50 - Décembre 2017

Nous avons déjà consacré un article au loup (1), mais un petit retour vers ce noble animal est toujours intéressant, d’autant qu’en ce 21ème siècle, alors qu’on le tenait il y a encore quelques décennies pour entièrement disparu en France, il refait régulièrement surface à la « Une » des journaux.

L’homme a toujours entretenu avec le loup des rapports ambigus, motivés tout à la fois par la crainte, la terreur, l’admiration, l’envie. Toute une littérature profane (fondation de Rome, Romulus et Remus, légendes, fables), religieuse (vies de saints), a fait du loup une sorte de créature infernale de l’Enfer, exécuteur des Basses-Œuvres du Malin. Chargé de cet opprobre, il méritait, comme le serpent tentateur de la Bible, d’être exterminé sans pitié, et si cela était possible, de subir avant sa mise à mort les pires tortures, à moins qu’il ne fasse repentance auprès de saints : St Hervé, St Thégonnec, St Brieuc, et combien d’autres …

Notre présent propos n’est pas sur ce terrain historico-littéraire (2). Il est de nous intéresser à ce en quoi il motive d’être encore aujourd’hui la vedette des actualités, pourchassé par les anti-loups comme le pire des terroristes de notre époque si riche en … terroristes. Non, rassurez-vous nous n’irons pas à la rencontre des « loups solitaires » qui égorgent au nom d’un certain Allah, ni des « loups ethniques » des banlieues qui chassent en bandes sans courage et fierté, comparaisons qui, à bien y réfléchir, sont de véritables insultes au fier et noble animal qu’est le loup. Nous n’irons pas d’avantage à la rencontre des jeunes (et vieux) loups aux dents longues de la politique, dont beaucoup, à ce qu’il semblerait, sont des hybrides loups-porcs-satyres, surpassant le mythique loup-garou, ou la célèbre bête du Gévaudan.

L’Empereur mongol Gensis Khân admirait au plus haut point les loups. Il reconnaissait en eux, non seulement d’extraordinaires chasseurs, mais de formidables guerriers dignes de lui. C’est en observant leurs techniques de chasse et d’encerclements de leurs proies qu’il avait appris l’art de la guerre et du harcèlement de l’ennemi. Et Gensis Khân de conseiller à ses soldats de bien s’inspirer de l’intelligence et du courage des loups. Si l’Empereur mongol admirait le loup, il n’en restera pas moins leur farouche ennemi mais dans le … respect dû à un ennemi courageux qu’on avait vaincu, un respect dont ne bénéficiaient pas forcément les soldats des armées qu’il combattait …

Les Indiens d’Amérique du Nord voyaient dans le loup un peuple de « frères ». Eux aussi, les respectaient et admiraient leurs techniques de chasse, son intelligence, son courage de Braves, et sa vie sociale. Pourchassé, exterminé sans pitié, le loup est pourtant toujours là, mais cette fois, sa présence, plus exactement son retour, il le doit à son plus grand et seul ennemi, l’homme, du moins à certains d’entre eux.


La montagne est à tout le monde, sauf aux loups …

 

Mais revenons vers nos loups actuels. Régulièrement, les éleveurs de moutons se plaignent des ravages meurtriers que des meutes de loups font, ou feraient, dans leurs troupeaux en pâturage. Rien de plus légitime, les bergers doivent pouvoir préserver leurs outils de travail et en vivre sans le voir périodiquement, tout ou partie, décimer. Cependant on attribue un peu trop facilement au loup, et parfois avec des arrières pensées (grosses primes) qui ne sont pas avouables, des méfaits qui sont ceux  d’autres prédateurs : chiens errants, et de certains… bipèdes invasifs très friands d’agneaux, surtout en une certaine période, si vous voyez ceux dont nous voulons parler…

Contrairement à une idée reçue, le loup ne tue pas pour tuer gratuitement, le plaisir sadique de la cruauté, ça c’est le propre de l’homme. Comme la majorité des carnivores prédateurs, il tue pour manger, nourrir ses petits, vivre, en conséquence il tue ce dont il a strictement besoin au jour le jour, après il verra un autre plan de chasse. Si dans les troupeaux il y a tant de ravages en une nuit, c’est principalement dû à l’affolement stupide, mais compréhensif, des moutons. Très sensibles, très vite stressés, c’est la panique dès qu’un ou plusieurs loups attaquent le troupeau. Beaucoup alors meurent plus par étouffements, piétinements, blessures, crises cardiaques, ou vont se précipiter dans les ravins.

L’homme a depuis plusieurs décennies favorisé la réintroduction du loup dans les Alpes-Maritimes, les Pyrénées, les Vosges, les Ardennes, et c’est en soit une bonne chose, il en est de même de l’ours qui soulève d’ailleurs les mêmes problèmes. Il faut cependant être logique, si on protège une espèce animale, on doit aussi protéger son espace vital, ne pas le lui contester. Autrement dit, il convient que la montagne, les forêts soient à tout le monde, y compris au loup, et donc de ne pas continuellement mordre sur son espace vital en créant des espaces de loisirs, des constructions de toute nature, le vendre aux promoteurs. Or régulièrement, les bergers, les anti-loups réclament l’abattage de 10, 20 bêtes, nous en sommes maintenant à la demande de mise à mort de 40 loups pour une population évaluée en France entre 250 et 300 têtes. Abattages d’autant plus regrettables qu’ils déstabilisent la hiérarchie très stricte des meutes, accentuant ainsi les problèmes. Des « Plans de chasse » sont réclamés au gouvernement, certains voudraient voir le loup de nouveau éradiqué de nos paysages, estimant qu’il n’a plus rien à y faire, qu’il appartient au Moyen-âge, à ses contes et légendes. Le loup, comme beaucoup d’animaux sauvages à travers le monde, a été considéré, et est toujours considéré, comme un frein au « progrès », comme le sont sur un tout autre plan les … peuples, les patries, les traditions, dès lors où ils sont européens, alors ils doivent disparaître, en cela les loups sont nos frères dans ces holocaustes programmés … 

Je lisais dernièrement dans l’excellent bulletin hebdomadaire « Les 4 Vérités » (3), une lettre assez ahurissante d’un lecteur vraiment ignare sur le sujet : « Je ne comprends pas que l’on puisse protéger le loup, animal nuisible et malfaisant. S’il se contentait de tuer épisodiquement une brebis pour se nourrir, ce pourrait être admissible, mais cet animal cruel et imbécile (sic) égorge par plaisir des troupeaux entiers, qu’il laisse sur le terrain son forfait accompli, laissant les éleveurs dans leur profond désarroi », et le lecteur de nous faire l’historique de l’éradication du loup, puis de son  incompréhension : « Ses défenseurs, pour des raisons qui m’échappent, sont des technocrates parisiens qui feraient bien de venir se frotter à la réalité du terrain. Sans parler des coûts exorbitants pour les collectivités. Il me semble qu’il existe des sujets plus urgents à traiter pour notre pays. Faudra-t-il attendre qu’il y ait des victimes humaines pour qu’on prenne enfin conscience du problème et laisser les premiers concernés, les éleveurs régler définitivement la question ? ». Ce lecteur qui qualifie le loup d’animal « imbécile », aurait dû s’interroger sur sa propre intelligence et ne pas parler de ce qu’il ne connaît pas, d’autant qu’il avoue que « les raisons de protections lui échappent ». Quant à craindre que les loups se la rejouent « Le Petit Chaperon Rouge » ou la « Bête du Gévaudan », ce monsieur s’amuse à se faire peur, il ferait mieux de jeter son regard, ses appréhensions vers d’autres dangereux prédateurs venus de où vous savez, et qui font vraiment tâche dans nos paysages, et coûtent aux collectivités dix mille fois plus (peut être cent mille ? …) que des déprédations de loups. Quant à laisser aux éleveurs « régler le problème », on devine qu’il tiendrait dans une sorte de « solution finale ». Dans Ouest-France du 3 décembre 2015 on pouvait lire : « En Suède, par tirages au sort, douze mille chasseurs se portent volontaires pour tuer seize loups sur trente ». La Suède, qui a aussi ses prédateurs qui chassent plutôt la femme suédoise bien blonde que la brebis. Même Gensis Khân se serait senti déshonoré d’attaquer seize loups avec douze mille guerriers. 

« Le retour du loup, avec son intelligence, son sens de la hiérarchie et de la discipline, le soin qu’il apporte à ses semblables et la formidable éducation qu’il transmet à ses petits, offre un peu de cette grandiose sauvagerie dont notre civilisation dégénérée a plus que besoin. Cela vaut bien quelques moutons payés par la collectivité, sacrifiés en offrande au magnifique hôte des forêts de notre vieille Europe » (4). Des moutons sacrifiés aux loups, cela reste un sacrifice inscrit dans l’ordre naturel, tandis que les milliers de moutons sacrifiés pour la gloire d’Allah dans des souffrances délibérées, que même le loup ne fait pas subir à ses proies. Alors, laissons les loups vivre, ils sont chez nous, chez eux, la terre d’Europe leur appartient autant qu’à nous. Mieux vaut donner notre argent aux loups et aux éleveurs qu’aux « prédateurs-chances » dont nous n’avons que faire, et qui pourrissent nos paysages et nos vies …

 

Youenn Caouissin


Sources :

  • 1et 2) War Raok n° 27, « Le loup, dieu ou démon ? ».
  • 3) Les 4 Vérités du 20 octobre 2017.
  • 4) Minute « Les loups contre l’économie » par Julien Jauffret, du 1er janvier 2014.



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