IN WAR RAOK ! - N° 46 - Septembre 2016
La visite en Corse du premier ministre français Manuel Valls s'est déroulée telle que chacun pouvait le prévoir au vu de ce qu'il ressortait des précédentes rencontres entre élus corses et ministres français. Le chef du gouvernement est resté fidèle aux principes mondialisto-jacobins qui régissent la République Française, déniant toute dimension politique à la question Corse, réduite à un problème d'ordre public et à des difficultés économiques particulières liées à l'insularité. Il n'y a pas de conflit, les Corses n'existent pas, la politique n'existe pas, il n'existe donc pas de prisonniers politiques, mais des "lignes rouges" déterminées par la gouvernance globale qu'un petit peuple européen "culturellement violent" ne saurait imaginer franchir. Co-officialité de la langue corse et statut de résident se situent, de par leurs connotations identitaires, en dehors de ces lignes rouges. Selon un procédé colonialiste classique, Mr Valls consentit à tout de même à donner un os à ronger aux indigènes par quelques hypothétiques miettes lâchées sur le dossier des successions patrimoniales (les "arrêtés Miot").
Exempte de surprises, la visite gouvernementale fut cependant riche en symboles représentés par les principaux acteurs de cette journée. Du côté français, Mr Valls était accompagné de Mmes Belkacem, Azoulay et Cosse, qui chacun dans leur domaine, incarnent cette idéologie mondialiste fondamentalement anti-européenne, synthétisée par le think tank Terra Nova qui fixe la ligne doctrinale de la gauche hexagonale : instrumentalisation des minorités allogènes contre les autochtones, négation absolue de l'idée même de peuple autochtone, de nation souveraine, et partant, de peuple autochtone s'affirmant comme nation souveraine. Mr Baylet, actuel ministre des Collectivités Territoriales et patron du Parti Radical de Gauche représentait lui ce jacobinisme administratif et désincarné qui a accouché des "grandes régions" de la loi sur la nouvelle organisation territoriale.
La Corse était, elle, représentée par messieurs Talamoni et Simeoni, respectivement présidents de l'Assemblée de Corse et de l'Exécutif territorial, tous deux issus de leur peuple, élus par leur peuple et portant ses revendications historiques. Leurs propos tenus dans l'hémicycle, empreints de dignité et de détermination, témoignent de l'abîme infranchissable séparant deux conceptions du monde, et en réalité, de la différence irréductible de nature des tenants de chacune de ces conceptions. Ainsi, lors de son discours, Ghjuvan Guidu Talamoni se réclama d'un "petit peuple issu du fond des âges", aspirant à des rapports avec l'Etat français placés sous le signe de "l'Honneur" et de la "parole donnée". Mais que peuvent signifier de telles notions pour ses interlocuteurs du jour, tous éléments d'une caste parasitaire élevée hors-sol, "personnalités" évoluant depuis leur adolescence dans l'univers glauque et sans âme des boutiques politiciennes, des réseaux d'influences, des lobbys et des loges, apparatchiks étrangers au monde du Travail comme à toute référence spirituelle ou transcendante ? Bien qu'exprimées en français, elles relèvent pour eux d'une lingua incognita, d'un idiome étrange objet de railleries cyniques et de mépris condescendant.
Valls et les siens ne sont pas des anomalies conjoncturelles, des "erreurs de casting". Ils sont les émanations subordonnées du Centre, de la Coupole, ils sont l'essence même du Système. Celui-ci n'engendre pas d'hommes d’état, ni même d'hommes tout court, mais reproduit en série ces petits spécimens gris du siècle, tout à la fois roquets et laquais dédiés au service d'un "monstre froid" totalitaire, autiste, avec lequel en réalité, le dialogue ne peut être que de sourds.
Les leçons à tirer de cette journée sont donc sans équivoque et peuvent se résumer à ces deux axiomes dont découle l'action politique émancipatrice des mois et années à venir : il n'y a pas de place pour la Nation Corse au sein de la République Française. La Nation Corse se construira en opposition à la République Française.
A Squadra.