Menu
MOUEZH BREIZH, LA VOIX DE LA NATION BRETONNE

MORT GHLINNE COMHANN : The Massacre of GlenCoe


Rédigé le Vendredi 17 Mai 2024 à 09:42 | Lu 7 commentaire(s)



in War Raok ! - n° 55 - Août 2019

 
« Ce col est le plus sinistre et le plus mélancolique des défilés d’Écosse, la véritable vallée de l'ombre de la mort »
Thomas B. Macaulay.
 
C'est à l'Ouest des Highlands que se dessine ce glen sombre et spectaculaire, théâtre à la fin du 17e siècle d'un fait marquant de la révolution jacobite. 
Par son contexte politique et sa brutalité, il traumatisa l'ensemble des Highlands et alimenta le nationalisme écossais sous-jacent.
 
Orangistes et jacobites
 
Les tensions débutèrent en 1688 lors de l'accession au trône de Guillaume III d'Orange pendant la  « Bloodless revolution » où le parlement Anglais appela le souverain Néerlandais à régner à la place de Jacques II Stuart jusqu' alors le légitime roi d’Angleterre, d’Irlande et d’Écosse.
La contre-révolution fut sanglante en Irlande, et le nord de l’Écosse, resté fidèle à la lignée britto-catholique des Stuarts, refusa de légitimer l'imposteur protestant.
De lourdes défaites dans le camp jacobite, notamment lors des batailles de Dunkeld en 1689, de Cromdal en 1690 en Écosse, et de la Boyne en Irlande la même année, ainsi que le nouvel exil de Jacques II en France, rendirent inéluctables la soumission des clans rebelles au nouveau souverain...
 
Serment et ultime provocation
 
En Aout 1691, afin de pacifier ses territoires, Guillaume offrit le pardon aux clans écossais ayant pris part aux rebellions jacobites en échange d'un serment d’allégeance, devant un magistrat. Passé l'ultimatum du 1er janvier 1692, des représailles seraient infligées aux clans réfractaires.
Jacques II, toujours en exil et dans l'incapacité de reprendre les conflits, donna finalement son accord mais tarda à communiquer ses instructions. Certains, en hâte, firent acte d’allégeance immédiatement afin d’éviter les foudres du Roi. D'autres, comme le chef de clan Alastair MacIain, du clan MacDonald de GlenCoe, en ultime acte d'insoumission, attendirent le dernier jour pour prêter serment. L'hiver était rude en cette fin d'année 1691 dans les Hautes terres d’Écosse et les chemins difficilement praticables...Il fallut finalement 3 jours pour Alastair MacIain pour se rendre à Inveraray et 3 jours supplémentaires pour attendre le retour de Sir Collin Campbell, shérif d'Argyll,  qui avait passé les fêtes de fin d'année auprès de sa famille.
Le magistrat accepta la prestation de serment malgré le retard... mais l'audace du clan MacDonald de GlenCoe sera l'occasion pour le gouvernement et ses collaborateurs écossais d’éliminer définitivement les derniers ennemis de la couronne orangiste. Ces représailles serviront d'exemple aux frondeurs écossais !
 
Début février 1692, 120 hommes d’infanterie du Comte d'Argyll, sous le commandement de Robert Campbell de Glenlyon furent envoyés sur les terres des MacDonald de GlenCoe, officiellement pour collecter la Cess tax dans la région, instituée par le parlement écossais deux ans auparavant. 
Ils furent accueillis selon les règles de l’hospitalité écossaise, d'autant plus que Robert Campbell était parent par alliance d'Alastair MacIain. Les soudards détachés, quant à eux, venaient pour la plupart  des Lowlands, au sud de l’Écosse. Le plan était finement orchestré, et les MacDonald n’eurent aucun doute sur les réelles intentions de leurs invités gouvernementaux qui restèrent deux semaines sur place, partageant ainsi leur quotidien.
Les ordres fournis au capitaine Robert Campbell par le major Duncanson sont pourtant clairs :
« Nous vous ordonnons par la présente d'assaillir les rebelles, les McDonald de GlenCoe, et d'exécuter par l'épée tous ceux de moins de soixante-dix ans. Vous devez prendre un soin particulier à ce que le vieux Renard et ses fils ne s'échappent de vos mains sous aucun prétexte, vous devez sécuriser les routes afin qu'aucun homme ne s'échappe. Vous mettrez ceci à exécution à cinq heures précisément ; à cette heure, ou peu après, je vous rejoindrai avec une compagnie plus nombreuse (...) ».
 
Le 12 Février 1692, 38 hommes du clan MacDonald furent assassinés durant leur sommeil, dans leurs maisons ou en tentant de fuir dans le glen. Alastair fut tué en tentant de quitter son lit.
Environ 40 femmes et enfants moururent en raison du froid, après que leurs maisons furent incendiées.
Malgré la digne insubordination de certains soldats qui refusèrent de prendre part au massacre de leurs hôtes, le clan MacDonald fut décimé.
La loi écossaise est pourtant formelle : le  « murder under trust » (le meurtre en confiance) est le pire des assassinats. Une enquête est menée afin de poursuivre les instigateurs mais sans résultats.
Campbell, Ducanson et leurs complices ne furent jamais inquiétés. Cette expédition punitive sera considérée comme le dénouement sanglant d'une ancienne rivalité entre les Campbell et les MacDonald, et aucunement comme une action gouvernementale contre la société clanique écossaise... alors que ce fut le roi, lui même, qui signa les ordres.
 
Les Martyrs de GlenCoe
 
Ce massacre fit de ces hommes des martyrs et servit la propagande jacobite et nationaliste écossaise. Au XIXe siècle, à l’époque victorienne, il fut romancé par Walter Scott dans « The Highland Widow ». Le poème de Thomas Stearns Eliot y fait également référence ainsi que des complaintes et chansons populaires. Une très belle pièce de Piobaireachd, mélodie complexe sonnée à la grande cornemuse, fut composée en hommage à cette tragédie.
GlenCoe fût un événement bien plus traumatisant que réellement crucial dans les révoltes jacobites qui soulevèrent les Highlands. Il alimenta les rancœurs des insurgés jusqu' en 1746, sur le champ de bataille de Culloden, où toute la société clanique écossaise fut définitivement anéantie. Les Campbell, à l'image de la famille De Rohan en Bretagne, portent encore aujourd'hui le poids de leurs multiples trahisons...
Un monument commémoratif surmonté d'une croix celtique fut érigé en 1883 dans le village de GlenCoe par Ellen Burns-MacDonald, où « The Clan Donald Society of Edimbourg » y organise une cérémonie chaque année aux côtés des habitants de GlenCoe. Des partis et associations nationalistes comme l’organisation de droite Siol nan Gaidheal ainsi que le Scottish republican socialist Party s'y réunissaient auparavant, afin de  rendre hommage à Alastair MacDonald et son clan, sauvagement assassinés.

 

J. Le Bouter




Dans la même rubrique :
< >

Jeudi 29 Août 2024 - 08:43 Sonerezh hag hengounioù pobl e Breizh

Jeudi 29 Août 2024 - 08:38 La bataille de Trans-la-forêt



War Raok n° 70 - Été 2024


Éditorial


29/08/2024

Souscription permanente

Souscription permanente !

War Raok est une revue bretonne moderne libre et indépendante. 
War Raok affiche fièrement une attitude dissidente indispensable à l’éveil du peuple breton et à la renaissance d’une identité forte. 
War Raok
 c’est un véritable outil de démocratisation et de libération des esprits du formatage de l’idéologie unique.
War Raok c’est l’émancipation des intelligences, la voix d’une nouvelle résistance… le porte-drapeau de la nation bretonne.

Voilà le choix de la revue. Mais ce choix de l’indépendance, notamment financière, face au blocus de la presse aux ordres et de la police de la pensée, n’est pas sans conséquence. Sans moyens financiers, autre que la démarche militante des abonnés, le combat est inégal. Aussi, afin d’assurer une publication régulière et de qualité, l’ouverture d’une souscription permanente est le meilleur moyen de conforter la pérennité de notre existence.
Merci d’avance, Bretons et amis de la Bretagne, pour votre soutien.

 

Par courrier : WarRaok
50 bis avenue du Maréchal Leclerc
Appartement 203
35310 MORDELLES.


WR
24/04/2024

Facebook



Partager ce site
Facebook
Twitter
Mobile
Rss