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MOUEZH BREIZH, LA VOIX DE LA NATION BRETONNE

DOM ALEXIS PRESSE, UN MOINE À CONTRE-COURANT (1)


Rédigé le Mercredi 24 Avril 2024 à 15:14 | Lu 12 commentaire(s)


IN WAR RAOK ! - N° 34 - Février 2012


DOM ALEXIS PRESSE, UN MOINE À CONTRE-COURANT (1)

Tout comme son confrère Dom Godu, moine bénédictin, et fervent nationaliste breton (2), Dom Alexis Presse, moine cistercien, et tout aussi nationaliste, est une figure du Mouvement Breton injustement méconnue. C’est d’autant plus regrettable que la vie de cet homme de Dieu fut d’une grande richesse, digne d’un…scénario de film (3), et que les Bretons se devraient d’être fiers d’avoir eu dans leur Histoire récente de tels hommes …

Par sa vie même, l’amour qu’il portait à sa patrie bretonne, sa culture, sa langue, son Histoire, Dom Alexis Presse sera un réel démenti à cette légende très en vogue dans certains milieux bretons, que l’Eglise, son clergé ont été des destructeurs de l’identité bretonne. Certes, on ne peut nier que certains de ses membres, pour diverses raisons, se comportèrent en agents de la République Française, et se firent les auxiliaires zélés de la francisation. C’est précisément cette dérive que ces moines, l’abbé Perrot, et combien d’autres, n’eurent de cesse de dénoncer et de combattre (4). Dom Alexis Presse est né le 26 décembre 1883 à Plougenast (Côtes d’Armor). Très tôt, au collège de Guingamp, il va ressentir l’appel de sa vocation monastique. Sans doute, la proximité des ruines de l’antique abbaye cistercienne de Boquen (en breton Botgwenn) (5) et ruinée elle aussi par la Révolution, cadre des jeux de son enfance, n’y  sera pas étrangère. Ces tristes ruines, tout comme pour l’abbé Perrot et Dom Godu, lui feront prendre conscience des horreurs de la Révolution française, de la perversité et de la nuisance permanente de son idéologie foncièrement anti-chrétienne. Comme pour ses confrères pré-cité, son enfance, son adolescence, ses premières années de noviciat vont être marquées par un « remake » de cette hideuse révolution. L’entrée dans le XXème siècle coïncide avec une série de lois prises par le gouvernement qui visent, une fois de plus, à spolier l’Eglise de tous ses biens, de son rôle social, de ses œuvres, de son enseignement. Entre 1901 et 1905, de nombreuses congrégations sont dissoutes et dispersées, particulièrement les religieux enseignants, dont les écoles sont regardées comme des rivales de celles de l’Etat. De plus, un décret stipule que le catéchisme, l’enseignement scolaire, les prédications devront se faire en français, et non plus en breton : c’est un tollé, car la majorité de la population n’entend que le breton. L’usage du breton est également interdit à l’école laïque. C’est ainsi toucher au plus profond de l’âme d’un peuple. Il est donc évident que cette guerre faite à sa foi, à la langue de son pays va durablement blesser l’âme religieuse du jeune Alexis Presse, et orienter l’esprit de son sacerdoce.


Un moine réformateur

Docteur en théologie et en droit canon, il fait son noviciat à l’abbaye de Timadeuc (Morbihan), il a 19 ans. Il se fait vite remarquer par son dynamisme, ses qualités d’organisateur et son zèle apostolique, ce qui lui vaut d’être envoyé à l’abbaye de Bonnecombe, près de Rodez, puis celle de Tamié en Savoie pour réformer ces deux monastères, et pour ce dernier, il sera élu abbé mitré en 1925. Son esprit d’indépendance, l’originalité positive de ses initiatives lui permet dans ses réformes de concevoir l’organisation d’un ordre religieux, à la fois contemplatif et missionnaire. L’entreprise est hardie, il se heurte très vite à la passivité, l’hostilité du Chapitre Général de son ordre, qui le désapprouve et le cite à comparaitre (septembre 1936). La sanction tombe, il est exclu de son ordre et interdit de séjour à Tamié sous peine d’excommunication. Mis devant le fait accompli, loin de renoncer, il ne lui reste plus qu’une seule décision à prendre, héroïque et aventureuse, mais ce n’est pas pour lui déplaire, revenir dans sa patrie bretonne. Il n’a pas oublié les ruines de Boquen, ce sera donc là un juste  retour aux sources de sa vocation, de sa foi bretonne, où désormais il entend réaliser son idéal de moine-missionnaire. Loin de rompre avec l’antique tradition monastique, il va la renforcer, lui rendre sa pureté, sa beauté, car il pressent, tout comme l’abbé Perrot et Dom Godu, que ce dont la Bretagne a besoin pour se relever, retrouver ses droits historiques, c’est d’appuyer ses légitimes revendications sur ses racines chrétiennes qui ont, siècles après siècles, forgées son âme, son Histoire, sa culture, ses traditions les plus vénérables ; oui il faut à sa Bretagne cet élan missionnaire que la France jacobine, anti-chrétienne, maçonnique a rejeté au profit des fausses valeurs issues de sa Révolution, et qui achève de la détruire, mais aussi avec elle, la Bretagne .

Nous sommes en 1936, rappelons que cette année là, et les suivantes, l’abbé Perrot lance de son côté l’idée, tout aussi aventureuse, de relever les ruines de l’abbaye de Landévennec (4), et que l’année suivante (1937), il achève la reconstruction du sanctuaire mariale de Koat-Kéo, gravant sur sa porte d’entrée, « Gant milvet bloaz adsavidigez Breiz eo bet adsavet ar chapel-mañ » (En ce Millénaire de la résurrection de la Bretagne, cette chapelle a été relevée). Ce que l’abbé Perrot, grand releveur de ruines, a fait dans le Finistère, Dom Alexis Presse entend le faire dans les Côtes d’Armor. Malgré l’indult le concernant, il va donc immédiatement se mettre à l’ouvrage, il n’est pas homme à hésiter, à trainer. En octobre 1936 il s’installe seul dans les ruines, et se fait moine défricheur, laboureur, bâtisseur, et les murs médiévaux ruinés sont les uns après les autres relevés. Bientôt, d’autres moines partageant le même idéal le rejoignent. Les paysans d’alentours, d’abord surpris et ironiques, puis séduis par la personnalité de ce moine entreprenant, lui même fils de paysans vont lui proposer leurs aides, autant par des journées de « corvées », que par le prêt de matériels, des dons de matériaux, et de quoi garnir les maigres repas de la petite communauté naissante. Cette reconnaissance des siens sera pour lui un immense réconfort, et un stimulant pour aller de l’avant. Les années passent, survient la guerre qui va considérablement ralentir la restauration, les vocations. C’est ici que pour certains historiens, qui n’ont rien comprit à l’engagement breton de Dom Alexis Presse, commence  la période très controversée de sa vie.


Un moine engagé

Pendant la guerre il n’hésitera pas à stocker des armes dans son abbaye pour le compte du Mouvement nationaliste breton, et il sera en cela aidé dans son activité clandestine par « Un bénédictin fort connu dans le mouvement breton », écrira Ronan Caerléon dans son livre « Le rêve fou des soldats de Breiz Atao » (6). C‘est à dessein que l’historien évitera de nommer le moine en question, car à la parution du livre, il était toujours vivant, et décédera l’année suivante, il s’agissait de Dom Godu. En 1944, il n’hésitera pas davantage dans son engagement nationaliste. Aux yeux des historiens inféodés à une certaine lecture de l’Histoire, Dom Alexis Presse en devenant, à la demande de Lainé, le conseiller spirituel du Bezen Perrot, en bénissant leur drapeau (le Kroaz Du sur lequel était cousu un morceau de tissu tâché du sang du prêtre assassiné), en approuvant la recherche des assassins de son ami l’abbé Perrot, il commettait l’irréparable, l’impardonnable. Ecrivant en janvier 1944, à son confrère l’abbé Le Moal (Dir-na-Dor), il constate, « L’avenir est sombre, le spectre de la guerre civile, accompagné de la hideuse figure du communisme surgit. Le meurtre de ce bon abbé Perrot m’a frappé vivement ; c’est partout qu’on vise et qu’on tue, on abat avec une froide sauvagerie. Il n’y a plus de trace d’humanité ; c’est la bête qui prévaut avec tous ses instincts les plus pervers et les plus cruels. Comme on reconnaît bien là le fruit naturel etl’aboutissement normal des doctrines matérialistes » (7). Dom Alexis Presse échappera à l’épuration grâce à l’intervention, semble-t-il, du président du Comité Départemental de Libération des Côtes-du-Nord, c’est du moins ce qu’affirmera en 2001 son indigne successeur, comme nous allons le voir ci-après, Dom Bernard Besret, et qui prétendait tenir cette confidence de l’intéressé. En ce début 44, Herry Caouissin confie les reliques de l’abbé Perrot à Madame Du Guerny, chez qui elles seront en sécurité. Mais se sentant, avec raison, elle aussi menacée par la soldatesque résistancialiste, avec l’autorisation de Herry Caouissin, elle donne le précieux dépôt à Dom Alexis Presse (8). Chaque relique portera une étiquette sur laquelle est mentionné, la nature de l’objet, le titre de propriété, et cette précision, « Aux bons soins de l’Abbaye de Boquen, pendant la durée des hostilités, 17 mai 1944 ». Les reliques y resteront jusqu’à la mort de Dom Alexis Presse (1965), et seront ensuite confiées à divers prêtres, comme l’abbé Le Floc’h (Maodez Glandour), pour revenir définitivement dans la famille Caouissin, propriétaire. Dans les années 1950, des scouts et guides Bleimor, de passage à Boquen, feront parfois leur Promesse sur la cape tâchée de sang et de boue de l’abbé Perrot, jurant de rester fidèle à l’idéal Feiz ha Breiz. Hélas, arrivés à l’âge universitaire, mai 68 aidant, beaucoup se laisseront séduire par les idéologies que cette révolution nihiliste engendrait…

Comme l’abbé Perrot et Dom Godu, Dom Alexis Presse sera très lucide des dangers qui, via les idéologies mortifères qui déjà rongent la France, menacent, et menaceront plus encore dans l’avenir, la Bretagne. Après l’assassinat du recteur de Scrignac, il écrit à Herry Caouissin, « Son portrait est à la place d’honneur en cette abbaye que je souhaite bretonne à fond. Je suis fier de le montrer à nos visiteurs en leur disant : c’est le martyr de la cause de Dieu et de la Patrie bretonne. Merzer ar Feiz ha Merzer ar Vro. L’abbé Perrot voulait s’opposer à la pénétration de l’antichristianisme et du matérialisme en Bretagne, par le maintien de la Tradition et de l’esprit celtiques foncièrement chrétiens. Que dans certaines sphères on ne l’ait pas compris et qu’on ne l’admette pas, peu importe. Il n’y a pire aveugle que celui qui ne veut pas voir. Mais cela ne change rien à la réalité des choses, et, nous, nous savons à quoi nous en tenir ». S’insurgeant contre le laïcisme jacobin, le vieux moine écrivait encore, « Immanquablement le dynamisme et l’efficience de l’élément breton diminueront et finiront par disparaître. C’est chose profondément triste. Quant à nous, ne nous laissons pas berner par la chimère perfide. Si elle séduit ou encore ensorcelle beaucoup de nos compatriotes naïfs, que cela ne nous effraie pas et ne nous fasse pas dévier de notre ligne, celle de nos Martyrs. Pour moi, je ne suis plus qu’un vieux réactionnaire qui ne comprend rien au « progrès » et au «  sens de l’Histoire ». Je le sais bien, mais que m’importe. Je suis et je reste ce qu’on voulu être et ce qu’ont été mes ancêtres : les Saints bretons, serviteur de Dieu et non serviteur du siècle ! »(Lettre du 25/4/1959). C’est presque du Benoît XVI dénoncant le matérialisme, le nihilisme de nos sociétés. Bien d’autres correspondances témoignent de son attachement de faire de Boquen une abbaye bretonne, un autre « Kalon Breiz » qui  par la Tradition, la beauté, la Vérité soit une force missionnaire. En 1941, au verso de la carte postale qui illustre cet article, il écrivait au directeur du journal pour la jeunesse bretonne, « Ololê », qui n’était autre que Herry Caouissin, et qui lui en proposait le patronage, « Vieux tenant de la cause bretonne, puisque en 1902, déjà, je manifestais de toutes mes forces devant la Préfecture de Saint Brieuc aux cris de « Vive la Bretagne, la Bretagne aux Bretons ». Je suis toujours très heureux de m’associer à ce qui a pour but de promouvoir le bien de la Bretagne, sous quelque aspect que ce soit. Boquen, sépulture du Prince Gilles de Bretagne n’a jamais eu d’autre blason que l’hermine, n’est-ce pas là une indication pour me confirmer en mon souhait d’en faire un véritable Haut-Lieu de l’esprit breton (4/10/1941). »

Dom Alexis Presse va être avec l’abbé Perrot et Dom Godu, et diverses personnalités politiques et culturelles bretonnes un des artisans du projet d’un Concordat avec le Vatican, des points essentiels pour la constitution d’un Etat Breton, qui s’inspireront largement de la Doctrine Sociale de l’Eglise et d’un organigramme intitulé « Damskeud eus Reizadur Rioni Vreiz », entièrement rédigé en breton. Soulignons que sa forte personnalité attirera à lui des noms célèbres qui seront de ses fidèles amis, comme le Docteur Alexis Carrel, (9), l’aviateur Lindberg, l’académicien Daniel Rops (10), ou encore René Pleven, pour ne citer que ces  noms, tant la liste de ses relations est longue et de qualité


La trahison

En 195O, Dom Alexis Presse obtient la reconnaissance et le rattachement de Boquen à l’ordre cistercien, et retrouve son titre d’abbé. En 1959, il choisi pour lui succéder un jeune et dynamique moine qui n’est pas sans lui rappeler sa propre jeunesse de novice, Dom Bernard Besret. Il voit en lui l’homme qui assurera la pérennité de son œuvre, et tout laisse à penser que c’est un bon choix. Mais en coulisse, le jeune moine qui dissimule une conception très progressiste de la vie monastique, prépare « l’après Dom Alexis ». Malade, faisant de régulier séjour à l’hôpital, le vieux moine va s’apercevoir trop tard, impuissant à la remise en question de Boquen, tel qu’il concevait cette abbaye bretonne. Il pressent que Boquen est en danger, et dans une lettre s’en ouvre à Herry Caouissin, « J’ai quitté Boquen, semble-t-il définitivement, il le fallait pour beaucoup de raisons. Mon remplaçant est bien d’origine bretonne, mais les questions bretonnes n’ont pour lui aucun intérêt, et je ne crois pas qu’il puisse jamais s’y intérésser. Je lui ai recommandé les reliques de notre martyr en partant, cependant je crois qu’il serait prudent de les mettre en lieu sûr, dès que possible, car il y a pas mal de changements, et il y en aura encore (lettre du 6/12/1960) ». Effectivement, c’est l’ère de Vatican II qui va bouleverser l’Eglise, ses institutions, sa liturgie, c’est le temps des « remises en question ». Ce climat destructeur n’est pas pour déplaire à Dom Bernard Besret qui va pouvoir donner toute la pleine mesure de sa soif de changements, et abandonner l’authentique vie monastique, le sacré, le beau, triturer l’enseignement de l’Eglise au gré de ses fantasmes, confirmant les craintes de Dom Alexis Presse, et qui un an plutôt écrivait, « Personne ici qui soit vraiment  breton et s’intéresse à la Bretagne. Je suis bien déçu, moi qui espérais faire ici une abbaye vraiment bretonne, les Bretons ne sont pas venus », et cette dernière supplication, « Venez vite chercher les reliques de notre martyr. Au revoir mon ami, bon courage, toujours, devant la bagarre si Dieu l’envoie, encore une fois, le mouvement, l’action c’est la vie » (lettre à H.Caouissin du 9/12/1959). Août 1965, Dom Alexis Presse a la joie de voir la consécration de l’église abbatiale : une « résurrection » titre la presse de l’époque qui ne tarie pas d’éloges. Mais c’est porté sur une civière qu’il assiste à la cérémonie, qui porte déjà la marque de la « réforme liturgique « conciliaire ». Les hommages, à qui sait comprendre le langage côtelé épiscopal, laissent aussi deviner les orientations futures de l’abbaye. Dom Bernard Besret ne s’en cache à peine, « Je désire rompre avec la réputation d’originaux qui reconstituent le Moyen-Age ». Petite phrase assassine qui laisse donc entendre que Dom Alexis n’était qu’un passéiste, alors qu’il fut un pionnier, un visionnaire. Il serait trop long de donner dans le cadre de cet article, des extraits des « amicales » interventions, hommages hypocrites de gens bien décidés à effacer l’œuvre du vieux moine. Bien entendu, aucune allusion au Breton qu’il fut, à son vœu de faire de Boquen une authentique abbaye bretonne.

Dom Alexis Presse décède le 1er novembre 1965, la cérémonie des obsèques ne sera pas le reflet de sa vie, de son âme bretonne. Dom Bernard Besret qui a désormais tout pouvoir, va accélérer les « réformes », qui vont coller au fameux « esprit du Concile », aller même bien au-delà, c’est à dire faire table rase du passé. La communauté monastique va se transformer en « Communion de Boquen », sorte d’auberge espagnole où chacun vient avec sa spiritualité « à la carte », et se met en situation de « recherche ». Boquen va devenir le nec le plus ultra de l’avant-garde chrétienne gauchiste, tiers-mondisante aux « cérémonies festives » les plus délirantes, entrecoupées de discours politiques à la pointe de la lutte des classes, se voulant créatrice d’un « christianisme lyrique et politique », très soixante-huitard. A terme, c’est l’éclatement de la dite « Communion » qui régulièrement tourne à la foire d’empoigne, où d’ailleurs sévit un certain général De Bollardière. Après dix ans de « recherches spirituelles », n’ayant rien trouvé que la confusion générale des esprits, il y a scission en trois tendances. Dom Bernard Besret quitte Boquen, laissant derrière lui un champ de ruines spirituelles. En 1976, la relève se fait avec l’arrivée de la Fraternité des sœurs de Bethléem (charismatique), pour pratiquer un monachisme de contemplation. Septembre 2011, après trente quatre ans, elle quitte Boquen, laissant la place à une autre communauté  charismatique, « Le Chemin Neuf », à vocation œcuménique, autre voie « fourre-tout » post-conciliaire. « Boquen continue » dit Monseigneur Moutel, évêque des Côtes-d’Armor, certes, mais ce n’est plus le Boquen de Dom Alexis Presse. Comme pour Landévénnec, il y aura donc eu détournement de l’œuvre de ceux qui auront eu le courage de sortir de l’état de ruines ces antiques abbayes, cœur de l’âme chrétienne bretonne, spoliant les Bretons d’une partie de leur culture, de leur Histoire, de leur patrimoine religieux. Jean-Paul II, dans son livre-testament « Mémoire et Identité » écrivait, « Je suis le fils d’une nation », qui est un hymne à sa patrie polonaise, mais un hymne qui vaut pour toutes les nations, et il invitait chaque peuple à rester eux-mêmes dans leur culture pour rester chrétiens. Là encore, l’enseignement de ce pape rejoint parfaitement les combats de l’abbé Perrot, de Dom Godu et de Dom Alexis Presse, aujourd’hui, on peut, alors que sévit le déracinement des peuples, en apprécier l’extrême pertinence. Quant à Dom Bernard Besret, le « moine rouge », il est toujours « en recherche » dans un monastère taoïste en Chine. Espérons qu’il ne va pas, là aussi, causer les mêmes dégâts qu’à Boquen…

 

ERWAN   HOUARDON


NOTES :

  1. Titre d’un article de H.Caouissin dans Sturier-Bleimor, N° 36 (1965). Aucun autre article depuis ne sera écrit sur Dom Alexis Presse.
  2. Lire dans War-Raok N° 33, « Dom Godu , un moine-soldat, nationaliste breton ».
  3. Comme Dom Godu qui dans le roman de Roger Vercel, « Sous le Pied de l’Archange » est mis en scène, Dom Alexis Presse est intégré dans le roman « La Croisade des Loups », suite des « Loups de Coâtménez », écrit en 1942 par H.Caouissin et Madame Du Guerny sous le pseudonyme de Coroller-Danio. Les deux ouvrages ont été réédités par les éditions Elor (2000). Daniel Rops, qui consacrera à son ami un long article dans sa revue Ecclesia (N° 204.mars 1966) qualifiera ce roman « d’absurde », preuve que le respectable académicien n’avait rien comprit à l’âme bretonne de Dom Alexis Presse, et n’en parlera même pas, pour en faire un religieux, certes remarquable, un peu « original », mais finalement un religieux tout court…
  4. En atteste, l’abondante correspondance du recteur de Scrignac avec son évêque Mgr Duparc et  son Vicaire Général Joncour.
  5. Boquen, fut fondée en 1137. Ayant accueilli la réforme de Citeaux, l’abbaye eu une grande  célébrité et un rayonnement considérable, tant en Bretagne qu’à l’étranger. Elle fondera une filiale à Bon-Repos en Gouarec, qui sera elle aussi ravagée par la Révolution.
  6. « Le Rêve Fou des Soldats de Breiz Atao » de Ronan Caerléon, édition Nature et Bretagne (1974).
  7. Archives H. Caouissin.
  8. Madame Du Guerny  sauvagement assassinée en juillet 44 par la résistance communiste.
  9. Le docteur Alexis Carrel, généticien réputé fut prix Nobel de Médecine en 1912. Ces dix dernières années les municipalités de gauche et communistes ont débaptisé pratiquement toutes les rues portant son nom, au motif très controversé qu’il était proche des thèses racialistes des Nazis, et ami de Hitler…
  10. Lire dans War-Raok N° 16, l’article « Mémoire et Identité », et le livre-testament de Jean-Paul II de même titre, éditions Flammarion (2005).



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