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MOUEZH BREIZH, LA VOIX DE LA NATION BRETONNE

LA CATALOGNE SUR LA VOIE DE L’INDÉPENDANCE


Rédigé le Lundi 29 Avril 2024 à 11:55 | Lu 6 commentaire(s)


IN WAR RAOK ! - N° 44 - Novembre 2015


La Catalogne a toujours exprimé une forte volonté d’émancipation et d’indépendance. Depuis la perte de cette dernière en 1714, elle connait, au XIXème siècle, une renaissance culturelle et politique qui abouti à la proclamation de la République Catalane en 1931. Mais la victoire des nationalistes espagnols en 1939, menée par le général Franco, a comme principale conséquence l'annulation de l'autonomie catalane, ce qui contraint à l'exil plus de 200.000 Catalans. C’est également l'exécution du président de la Catalogne de l'époque, Lluís Companys (1), par le nouveau gouvernement espagnol.  Après la mort de Franco, le président catalan élu en exil, Josep Taradellas revient en terre catalane et ce n’est qu’en 1978 que la Constitution espagnole accorde un statut spécial à la Catalogne, un statut  fixant ainsi les limites de cette nouvelle autonomie catalane. Un nouveau statut validé par référendum et par le Parlement espagnol est radicalement modifié en 2010. Concrètement, depuis ces dernières années, les mesures de recentralisation n'ont cessé de croître. Une reprise en main en quelque sorte du pouvoir espagnol. Un référendum pour l'autodétermination serait nécessaire pour bâtir de nouvelles relations entre l'Espagne et la Catalogne. C'est le souhait de plus de 80% des Catalans selon les enquêtes d'opinion et d'une grande majorité du Parlement catalan. Le 9 novembre 2014 une consultation populaire démontre, une fois encore, la détermination du peuple catalan à décider lui-même de son avenir. Malgré l'opposition juridique et politique du gouvernement et des institutions judiciaires espagnoles, 2 305 290 Catalans ont participé à cette élection. 80,76 % de ces citoyens ont voté en faveur de l'indépendance, 4,54 % contre et 10,7 % pour une solution fédérale.

C’est alors que M. Artur Mas, le président catalan, décide d’organiser des élections anticipées à caractère plébiscitaire le 27 septembre 2015. Ces élections devront constituer un référendum « de facto » sur l'indépendance. En préambule de ce référendum, ce sont près de 2 millions de Catalans qui descendent une nouvelle fois dans la rue. Un peuple affirmant ainsi sa volonté d’émancipation vis-à-vis de l’Espagne.

Les deux listes indépendantistes se présentant à ces élections régionales ont obtenu la majorité absolue des sièges au Parlement catalan, la Generalitat. La liste «Junts pel Si» (Ensemble pour le Oui) de centre droit et le petit parti d’extrême-gauche (anti-capitaliste et anti-européen) CUP obtiennent 73 sièges sur 135. Les indépendantistes occupent ainsi 54% des sièges et sont majoritaires. Le processus vers l'indépendance est alors engagé, comme promis avant les élections par la Generalitat et sous la houlette d'Artur Mas, président de la Catalogne. L’objectif : aboutir à l'indépendance en 2017. Mais deux jours après cette victoire du camp indépendantiste, le président catalan est convoqué au tribunal pour désobéissance civile (2). Rappel des faits reprochés : Artur Mas doit être entendu pour avoir organisé une consultation populaire sur l’indépendance de la Catalogne en novembre 2014. Une lecture très particulière de la démocratie ! Nous faisons face à un procès politique, déclare Neus Munté, porte-parole du gouvernement régional. « Que le parquet et le gouvernement portent plainte contre un président démocratiquement élu (...) pour avoir écouté la voix de son peuple est une énorme anomalie démocratique ».

Néanmoins le résultat de ces dernières élections est un formidable message que vient de nous adresser le peuple catalan. Par cette victoire il a prouvé qu'une nouvelle voie va s'ouvrir en Europe, celle de l'indépendance d'une nation qui s'est construite sur une volonté tenace d'émancipation de son peuple. Un exemple pour la Bretagne ? Très certainement à condition que les idéologues de service ne persistent pas dans leur entreprise de sabotage systématique. La Catalogne, après l’Ecosse, nous confirme qu’une coalition indépendantiste peut gagner l'adhésion du peuple. La Bretagne a tout intérêt à s’en inspirer. 

Bretons, Catalans, Ecossais, Flamands, Corses, Basques… seule l'indépendance nous permettra de bénéficier des justes fruits d'une autre Europe, d’une Europe des peuples, d’une Europe ethnique forte, solidaire et unie.

 

Yann Balboc’h.


Notes :

  1. En 1940, Lluís Companys avait trouvé refuge à La Baule. Il sera arrêté le 13 août 1940 et vivra ses derniers moments d’homme libre en terre de Bretagne. Tuer le président de Catalogne était en fait une manière symbolique de tuer aussi une nation.
  2. Coïncidence voulue ou non, la date choisie pour interroger Artur Mas, le 15 octobre, reste de surcroît maladroite. Elle correspond au 75ème anniversaire de l’exécution du président catalan Lluis Companys par le régime franquiste.



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